Kingdom Hearts Final Mix

Sora, Donald et Dingo se baladent d'Agrabah au Pays des Merveilles en affrontant Maléfique et le Capitaine Crochet à coups de clé-épée pour prouver au monde que le pouvoir de l'amitié triomphe toujours. Une phrase aussi improbable que la série Kingdom Hearts (Kidomeurz pour les intimes). Véritable anomalie dans le paysage vidéoludique actuel, la sortie du "troisième" épisode m'a enfin convaincu de me lancer dans l'aventure KHoss, en commençant par le portage PS3 du premier du nom.

Fiche Technique

  • Genre : Action-RPG / Générateur de naïveté
  • Titre original : Kingdom Hearts (キングダム ハーツ)
  • Date de sortie : [JP] 28/03/2002 - [EU] 15/11/2002
  • Développeur : Square
  • Editeur : Square
  • Plateforme : PS2 (puis PS3 et PS4)
  • Directeur : Tetsuya Nomura

Contexte de jeu

  • Autres jeux du même genre : Fable II & III (Xbox 360), Reckogning : Age of Amalur (PC).
  • Attente : Forte (même si je ne me l’avoue pas).
  • Notes : Fait en difficulté “Normal”. Une difficulté “Difficile” existe.

Unstack Story

Kingdom Hearts… Un nom plein de fantasmes adolescents… La série d’Action RPG de Square Enix mixant les mondes de Disney et de Final Fantasy, débutée comme une série bis, fait maintenant partie des fers de lance de la compagnie. Des jeux attirants, au concept original, qui ont su rassembler un groupe de fans vindicatifs. En même temps, quel joueur du début des années 2000 n’a pas été biberonné aux films Disney et aux mythiques RPGs de Squaresoft ? Ce cross over fascinant m’a toujours attiré, de par son gameplay action survolté et par son histoire supposée profonde.

Sora, Kairi et Riku à Destiny Island

Mais revenons au principe de la série. Nous incarnons Sora, un jeune adolescent à la coupe de cheveux épineuse, qui vit avec ses deux amis Riku et Kairi sur Destiny Island, une île paradisiaque isolée de tout par une mer turquoise. Désireux de découvrir de nouveaux mondes, nos trois protagonistes se mettent dans l’idée de construire un radeau pour fuir leur hâvre de paix. Mais alors qu’ils touchent au but, Sora et Kairi sont témoins de l’ouverture d’une porte mystérieuse qui va semer le chaos sur l’île. Des flots grouillants de créatures rampantes, appelées Sans-Coeurs, apparaissent sur le plage et attaquent les pauvres enfants. Sora se saisit de son épée de bois pour défendre ses amis. Mais il se fait vite submerger par les vagues incessantes de monstres inondant la plage. Kaeri disparaît, Riku est absorbé par les ténèbres et, cerise sur le gâteau, un Sans-Coeur géant surgit pour achever notre héros. Sora ne pourra plus compter sur son épée de bois pour occire son ennemi. Heureusement, alors qu’il désespère, une mystérieuse clef géante, la Keyblade, apparaît dans sa main. Avec cette nouvelle arme improvisée, il parvient à vaincre le géant, mais se fait également engloutir par les ténèbres. Après quelques rêves étranges, il se réveille dans une ruelle de la Ville de Traverse, petit bourgade toute en colombages, où il tombe sur Donald et Dingo qui lui disent rechercher le porteur de la Keyblade pour retrouver leur roi, Mickey, qui a disparu… Bon… Ok, faisons une pause avant de rentrer trop profond dans ce Kamoulox vivant. Cela fait déjà beaucoup d’informations à digérer, et on ne touche ici qu’à la surface de l’intrigue. Afin d’avancer, disons que notre trio nouvellement formé va partir en recherche de Kairi, Riku et Mickey en voyageant dans différents mondes Disney.

Sora, Donald et Dingo forment leur trio de choc

Kingdom Hearts est un Action RPG où l’on contrôle Sora et sa Keyblade, secondé par deux assistants, Donald et Dingo, eux contrôlés par l’IA. Le jeu est découpé en deux partie : l’exploration où nous devrons visiter les différents mondes, parler aux personnages non joueur et activer des mécanismes pour faire avancer l’intrigue, et les combats temps réels, régis par une couche RPG permettant la progression de notre équipe. Ces deux aspects ne sont pas complètement distincts, puisque les affrontements contre les Sans-Coeurs se déclenchent pendant que nous parcourons les différents décors, mais ils offrent deux rythmes de jeu très différents. Et le constat de tout ça, c’est que Kingdom Hearts est bien un jeu du début des années 2000. Chacun des mondes s’articule de la même manière, commençant par la rencontre avec le personnage principal du lieu en question (Aladdin pour Agrabah, Tarzan pour la jungle, Ariel pour l’océan, etc), suivi de quelques péripéties et se terminant, après 2 ou 3 heures de jeu, par un combat de boss. On sent le côté mécanique du déroulé, qui consiste à avancer d’une salle à une autre, dans des environnements assez fermés, pour déclencher l’évènement suivant. Et là dessus le jeu peut être à s’arracher les cheveux, car tant qu’on a pas fait les bons aller-retours dans les bonnes salles, il ne passera pas à la suite, allant parfois même à l’encontre de son intention narrative ! On se retrouve alors à essayer au hasard telle ou telle pièce, dans l’espoir de déclencher la suite du script. Mais il est injustifié de le lui reprocher, vu l’époque à laquelle il est sorti. C’est cependant un fait que, pour un joueur actuel habitué aux explorations plus organiques, il peut paraître rigide dans cette progression qui donne l’impression qu’arriver à la prochaine scène cinématique constitue le seul but du jeu.

Exploration à Halloween Town

Et des cinématiques, Kingdom Hearts en fournit à foison ! C’est une de ses grandes forces, et c’est assez impressionnant de voir la qualité des animations dont peut faire preuve un jeu sorti en 2002. Les expressions de Sora et des autres personnages sont excellemment vivantes et le doublage anglais apporte énormément à l’immersion. Malgré une mise en scène un poil vieillotte, on a vraiment l’impression de suivre une série animée fantasmée réunissant tous les héros de nos dessins animés d’enfance. Et de manière générale, Kingdom Hearts respecte incroyablement bien les univers qu’il emprunte, allant même jusqu’à costumer Sora et sa clique pour s’accorder au monde qu’ils traversent (mention spéciale aux costumes aquatiques de La Petite Sirène et aux déguisement d’Halloween dans L’Étrange Noël de Mr Jack). C’est bourré de détails et de références Disney, et les modèles, en 3D, de personnages qu’on a l’habitude de voir en deux dimensions sont impeccables. Même en terme de gameplay, le jeu est généreux, car il offre pléthore de mini-jeux (et oui c’était la mode à l’époque), un monde basé uniquement sur le combat, et un Shoot’em Up 3D entre les mondes. Il nous pousse aussi à revisiter les endroits qu’on a déjà parcouru en introduisant des petites mécaniques de Metroidvania. Avec sa douzaine de monde, il propose un contenu et une diversité plus que conséquents pour un jeu d’action de 30h, même s’il fait pas mal de réutilisation vers la fin.

Puisqu’on parle de gameplay, attaquons la partie baston. Kingdom Hearts coche la case Action avec brio, avec son système de combats temps réel novateur pour l’époque. On a plutôt affaire à un Beat Them All qu’au classique Tour par Tour avec barres d’ATB. Et c’est ce qui rend le jeu jouissif et spectaculaire. D’une touche on défouraille du Sans-Coeurs à coup de Keyblade, d’une autre on saute pour se replacer, d’une dernière on jette des sorts ou des invocations (Disney, on se fait encore plaisir ici) qui retournent souvent la situation à notre avantage. À cela, le côté RPG rajoute une surcouche de personnalisation pas trop envahissante pour étoffer la richesse des combats en ajoutant de nouvelles possibilités (roulade, contre, combos). Mécaniquement le jeu n’est pas très dur, mais c’est dans le placement et l’optimisation du menuing qu’il nous donne du challenge. Et il faut l’avouer, après des Dark Souls ou des Bayonetta, on sent le poids des années, avec un feeling global assez bordélique et approximatif. Certains affrontements de boss nous proposent des situations de jeu originales, mais on se contente souvent de les bourrer de coups, ou de fuir constamment devant l’absence de fenêtres de temps pour les tapper. Et ce n’est pas nos coéquipiers contrôlés par l’IA qui vont nous aider. Eux se contente de vider leur barre de mana contre les monstres faibles et de mourir contre les bosses. Mais ne médisons pas trop, le jeu nous pousse comme ça à modifier notre build et notre façon de jouer, et n’est-ce pas ça qu’on attend d’un bon RPG ?

Combat de boss dans le monde d'Alice aux Pays des Merveilles

… Comment ? Ça fait longtemps qu’on a pas parlé de scénario ? Hum… d’accord… il est temps. Reprenons la partie histoire! Vous l’avez vu, le monde de Kingdom Hearts a des règles très complexes, et le jeu ne déroge pas à sa réputation d’avoir une scénario incompréhensible. Avec du recul, ça va. Ce premier épisode se tient plutôt bien, et nous met devant un objectif clair : retrouver Kairi et Riku. Et c’est ce qui sous-tend toutes nos actions, même si Sora ne peut s’empêcher de venir en aide à tout ce qu’il croise (et de participer à un tournoi dans la Colisée, mais bon, on est pas à ça prêt). Au cours de notre périple, on apprend qu’il doit cependant fermer les serrures de chaque monde avec sa Keyblade pour les empêcher d’être connectés les uns avec les autres, et donc stopper l’invasion de Sans-Coeurs. Et pourquoi les mondes sont connectés ? Il va vite falloir arrêter de se poser ce genre de questions. À côté de ça, on apprend que les Sans-Coeurs sont des gens qui ont… perdu leur coeur ! Surprenant ! Plus sérieusement, quand quelqu’un voit son coeur (son âme, sa conscience, quelque chose comme ça) plongé dans les ténèbres, il perd toute individualité et se retrouve réduit à l’état de sbire répugnant. Et vu la quantité de Sans-Coeurs qu’on va affronter, il y a dû avoir une sacré hécatombe !

“Retrouver Riku et Kairi” va vite se transformer en “Retrouver Kairi”, car Riku, en bon Vegeta de service, va tomber sous le joug des ténèbres en essayant d’accroître sa force pour protéger ses amis. Il va alors aider Maléfique dans son plan de… euh… d’engloutir les mondes sous une armée de Sans-Coeurs, parce que … elle est méchante et voilà ! Vous le sentez, c’est assez confus et naïf. Et cela est dû à une narration qui parsème les informations utiles au compte goutte, et une tendance qu’ont les auteurs à privilégier les phrases pleines de symbolique aux vraies explications. Globalement, l’histoire de Kingdom Hearts est trop complexe, et se prend trop au sérieux, par rapport à son propos ! Le pouvoir de l’amitié, l’importance de se souvenir des bons moments ensembles, le fait de rester soi-même, des concepts simples qui n’avaient pas forcément besoin d’autant de couches d’intrigues et de mystères. Cela doit faire beaucoup d’effet à 15 ans, paraître profond et rebelle, mais ça fonctionne beaucoup moins bien sur moi maintenant. J’aurais aimé découvrir cette série adolescent pour pouvoir apprécier sans cynisme ce monde où tout est possible. Et avec du recul, c’est peut être ça Kingdom Hearts : un jeu adolescent. Ça parle de jeunes à peine sorti de l’enfance qui veulent découvrir le monde, vivre des choses excitantes, nouvelles, et qui n’ont besoin de personne pour leur dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. La complexité et l’incohérence du scénario, baigné de naïveté et de fureur de croire, nous renvoie aux affres labyrinthiques des pensées torturées et idéalistes qui constituent notre adolescence. Et si, au final, les défauts de l’histoire de Kingdom Hearts n’était pas grave. Si l’important c’était le sentiment qu’il en ressort : l’envie de vivre quelque chose et de devenir quelqu’un.

Sora et Kairi regardant au loin

Sacré retournement que celui que j’ai connu, quelques jours après avoir posé la manette, et qui a changé la vision que j’avais du jeu. Sans m’en rendre compte, je suis peut-être devenu un KHoss et je suis tombé dans les filets de Sora, Donald et Dingo. Ce premier épisode, par ses forces et ses défauts constituent une parfaite introduction à la série, dans le sens où il donne énormément envie d’attaquer le deuxième, qui a l’air encore plus abouti ! Mais il va falloir passer par Chains of Memories, l’épisode GBA, pour bien comprendre un scénario que je commence à apprécier malgré moi…

Crédits screenshots : Playlist Youtube Kingdom Hearts HD | Let’s Play de Frigiel

Jijidici Written by:

Suite à de trop nombreux achats compulsifs, Jijidici s'est retrouvé avec une pile de jeux Gamecube, Wii et Wii U, et l'incertitude d'avoir le temps dans une vie pour y jouer. Il décida de se lancer dans une quête de dépilage, et de narrer, dans les "Unstack Stories", ses nombreuses aventures. Fervent joueur Nintendo, il n'hésitera pas à s'ouvrir à d'autres styles de jeu, allant même jusqu'à entamer sa collection Steam !

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